Le 9 mai 1945 : La libération
La reddition allemande dans les îles anglo-normandes
Les derniers jours de l'occupation allemande et de la libération des îles anglo-normandes furent marqués par la personnalité fanatique du dernier commandant en chef des troupes allemandes de la forteresse qu'était devenue les îles anglo-normandes sur l'ordre d'Hitler.
Contrairement à ce qui allait se passer ailleurs, elle compliqua terriblement les conditions de la reddition des allemands des îles anglo-normandes...
Le vice-amiral Hüffmeier était un nazi zélé et un fervent admirateur d'Hitler. Il était arrivé dans les îles en juin 1944 et avait pris son commandement en chef le 28 février 1945.
Il se remarqua notamment par l'organisation d'un raid audacieux de commandos contre Granville le 8 mars1945. Les allemands détruisirent, entre autres cibles, trois navires totalisant 5000 tonnes, libèrent des prisonniers allemands, en firent de nouveaux prisonniers, des américains dont des officiers, et les ramenèrent à Jersey...
Il créa un climat ambiant de craintes et de mutinerie au sein de ses officiers.
Quelques jours avant la libération, il se distingua également en voulant imposer au commandant du Véga, le bateau de la Croix Rouge, ravitailleur des îles, lors de son dernier voyage, de mettre à mi-mat son pavillon en raison de la mort d'Hitler, ce que son capitaine refusa.
Le 6 mai 1945, un navire allié au large d'Aurigny adressa des messages optiques de demandes de reddition, ce que Hüffmeier rejeta catégoriquement : "Vous perdez votre temps". Ce dernier était en train de planifier un deuxième raid de commandos sur Granville à Jersey qui fut annulé en dernière minute sur l'ordre strict de l'amiral Dönitz...
Le lendemain, quelques drapeaux anglais apparurent sur des bâtiments de l'île ce que les allemands voulurent faire s'opposer sur son ordre.
Le matin du 8 mai 1945, les allemands informèrent les administrations des îles que la guerre était officiellement terminée et que les drapeaux britanniques pourraient flotter à nouveau à l'occasion du discours de Winston Churchill prévu à trois heures de l'après-midi.
Alors que deux destroyers britanniques, les HMS Bulldog et HMS Beagle, s'apprêtaient à traverser la Manche en direction des îles, les allemands étaient toujours armés. Les vaisseaux arrivèrent de Plymouth à deux heures de l'après-midi et stationnèrent à quatre miles de Guernesey.
L'émissaire d'Hüffmeier, le capitaine lieutenant Armin Zimmermann, portait dans sa sacoche un papier de sa part ne l'autorisant qu'à signer un armistice. L'émissaire britannique, le brigadier général Arthur E. Snow, lui fit comprendre qu'il s'agissait d'une reddition immédiate sans condition et non d'un armistice. Les conditions de cette reddition lui furent remises. Ce dernier avant de les quitter, délivra aux alliés le dernier ordre d'Hüffmeier : "La présence de bateaux alliés dans ces eaux pourra être considérée comme un acte de provocation". Il fit un salut nazi et les quitta. Les bateaux alliés se retirent durant six heures. De retour à Guernesey, Hüffmeier s'entretint avec son commandant de la forteresse, le major général Heine.
A minuit, une barge armée embarquant Heine et Zimmermann, quitta Saint Pierre Port pour un nouveau rendez vous avec les vaisseaux alliés. La reddition sans condition fut reçue du premier sur le HMS Bulldog. L'acte de reddition libérant les îles fut signé par Heine, puis contresigné par le brigadier général Snow le 9 mai 1945 à 7.14 heures précise du matin, soit sept heures après l'heure officielle de la fin de la guerre en Europe.
A 7.45 heures, le colonel E G Stoneman et le colonel R.H. Power avec vingt hommes ramenés par la barge avec un drapeau blanc, posaient pied sur les quais de Saint Pierre Port. L'île de Guernesey était enfin libérée.
Un ordre fut adressé aux allemands de Jersey pour que le quai du port de Saint Hélier soit dégagé des embarcations allemandes et que les drapeaux nazi soient abaissés.
Enfin et pour conclure, ce n'est que le 16 mai 1945 que la garnison de l'île d'Aurigny se rendit. Quant à l'île de Sercq, elle ne fut officiellement libérée que le 10 mai 1945.
Les incidences postales de la libération
Les principaux mouvements de troupes dans les deux îles principales eurent lieu les jours suivants, notamment le 12 mai 1945 alors que par une proclamation, le roi George VI, restauraient les anciens privilèges et institutions des îles.
Enveloppe premier jour commémorant le 25éme anniversaire de la libération
Avec l'arrivée des troupes britanniques dans les îles, vint également des responsables officiels de la poste avec des approvisionnements de timbres et d'entiers postaux bénéficiant de la franchise postale et destinés aux îliens pour qu'ils puissent écrire à leurs proches.
Des postes de campagne des troupes britanniques (Field Post Office) les accompagnèrent aussi et s'installèrent à Jersey (FPO 138) et à Guernesey (FPO 302). Elles fonctionnèrent du 9 mai au 10 novembre 1945.
1948 - Émission commémorative de la libération des îles anglo-normandes